Numérique & Chardin
Quelle place les écrans et le numérique doivent-ils avoir au sein de l’enseignement primaire?
Ce sujet est central dans le développement de nos systèmes éducatifs et dans l’impact qu’il peut avoir sur quotidien sur le fonctionnement de la classe.
Ce thème doit être envisagé sous deux angles. En effet, nous pouvons enseigner le numérique, au sens des compétences liées à l’utilisation d’outils (appelées parfois Technologies de l'Information et de la Communication pour l'Enseignement) ou, nous pouvons enseigner avec le numérique en utilisant des applications, sur des écrans divers. L’un n’excluant pas l’autre sans pour autant qu’ils soient interchangeables.
On peut par exemple présenter une séance d’introduction à l'algorithmie sans écran (via une chorégraphie, ou avec des déplacements sur un quadrillage), ou mettre en place un travail d’écriture collaborative via une application. Dans le premier cas, il s’agit d’une séance consacrée au numérique sans usage. Dans le deuxième cas, il s’agit d’une séance de français avec et par le numérique. Cette dernière présuppose des compétences pour l’élève et pour l’enseignant.
L’enseignement au numérique est devenu (avant et surtout après la crise du COVID) un enjeu de société important. Les écrans sont en effet très (trop?) présents dans notre vie de tous les jours et dans celle des enfants et ce, dès le plus jeune âge.
Comprendre le fonctionnement de ces outils s’avère donc essentiel pour le développement des compétences scolaires et des futures compétences professionnelles des élèves. Il n’y aura alors pas lieu de subir cette utilisation mais bien d'en faire un usage réfléchi et raisonné. Le décalage entre les usages privés et les usages scolaires puis professionnels pourra également se résorber ce qui est positif pour l’ensemble des acteurs de la société.
A ce titre, la mise en place d’un cadre de référence des compétences numériques via PIX au sein de l'Éducation Nationale en France correspond à la démarche choisie par l'École Bilingue Chardin.
L’introduction au Coding (avec ou sans écran) la découverte des premières notions de programmation et de “nétiquette” doivent ainsi intervenir suffisamment tôt dans la scolarité pour répondre aux besoins des élèves à ce sujet sans pour autant démarrer de manière trop précoce. Il n’est pas nécessaire d’utiliser des tablettes dès la maternelle pour cet enseignement. En effet, la plupart de ces concepts sont avant tout fondés sur de la logique et des mathématiques. Plus largement, l'École Bilingue Chardin s’appuie sur les travaux de Serge Tisseron et la campagne 3-6-9 pour réguler l’usage quotidien des écrans :
De 3 à 6 ans, cet usage doit être limité dans le temps et accompagné par un adulte.
De 6 à 9 ans, c’est l’angle de la création qui doit être privilégié. Celle-ci peut être musicale, photographique ou vidéo, mais c’est cette entrée artistique qui est au cœur de l’enseignement du numérique au sein de l’Ecole Bilingue Chardin.
A partir de 9 ans, c’est la responsabilisation des enfants et le respect de l’autre sur Internet qui doit être au cœur des préoccupations des enseignants et des parents.
Ce programme implique une communication et un échange constant avec les parents à ce sujet parce que les habitudes de la maison et celle de l’école s’influencent mutuellement.
Il nous semble ainsi illusoire de vouloir interdire à tout prix les écrans. Il est préférable de co-construire avec les élèves et les familles des usages pertinents et progressifs. Le place de l’enseignant et de son établissement sera alors centrale dans cet échange.
Le numérique influence également la façon d’enseigner de tous les éducateurs, et la formation à un enseignement par ou avec le numérique est un levier de développement professionnel important pour tous les professeurs.
L’Unesco a déclaré à ce propos dans sa Déclaration mondiale RewirEd sur la connectivité pour l’éducation que “l'innovation et le changement pédagogiques sont indispensables à la transformation numérique de l’éducation”
Il faut donc dépasser le simple cadre de l’utilisation de nouveaux outils pour adapter sa pédagogie et la modifier de manière complète. A ce titre, le modèle SAMR est une réponse intéressante à proposer aux enseignants et qui gagne également à être connu des parents. Ruben Puentedura a ainsi théorisé les différents niveaux de changement que peuvent et doivent connaître les pédagogies dans la classe.
Ce modèle théorique décrit les différents paliers d’intégration des technologies dans une séance de classe : Substitution, Augmentation, Modification, Redéfinition.
Substitution: L’élève tape un texte sur un clavier plutôt que de l’écrire sur un cahier;
Augmentation: Les élèves répondent à un questionnaire en ligne qui est corrigé automatiquement et reçoivent une correction instantanée
Modification: Au lieu de produire une simple dissertation, l’élève l’enregistre et la publie sur le site de la classe
Redéfinition: Les élèves produisent à plusieurs une vidéo sur un thème choisi par eux et en font la promotion auprès d’autres établissements via une plateforme de partage.
Il est d’ailleurs pertinent de noter que ce modèle de transformation peut s’appliquer plus largement à toutes les transformations digitales et ce dans de nombreux domaines.
Ce modèle est pleinement intégré dans la préparation des séances et dans le curriculum de notre établissement pour servir des enseignements ambitieux favorisant la réussite de tous.
Au-delà de l’aspect scolaire, il est nécessaire d’accompagner les élèves dans la construction de compétences de collaboration, de travail en groupe et de résolutions de problèmes qui seront sans aucun doute des compétences majeures du monde de demain.
